L’acquisition de la fluidité et de la fluence verbale

Parvenir à s'exprimer de manière spontanée

Pour pouvoir s’exprimer à l’oral il faut développer deux grandes compétences

La fluidité

La fluence

 

 

La fluidité verbale:

  • C’est la mécanique de la parole : la phonétique, le rythme, l’intonation.

On améliore la fluidité verbale en travaillant la phonétique et en donnant des exercices de lecture à voix haute qui permettent de mettre en pratique les acquis phonétiques ainsi que de travailler le rythme et l’intonation.

Une des difficultés avec la fluidité verbale

 

Lorsqu’un apprenant apprend à parler seulement en lisant des textes sans ajouter le niveau sémantique (le sens du texte), la mémoire de travail devient inexistante.

Exemple : Si je vous demandais de lire un texte en chinois sans comprendre un seul mot, la seule chose que vous mémoriseriez est une longue série de sons sans aucun sens.

Pour obtenir une fluidité de parole, il faut que la mémoire puisse donner du sens à ce qui est dit ce qui permet aussi d’anticiper ce qui sera dit et enfin d’organiser sa pensée.

Le rythme de la langue :

La vitesse ainsi que les regroupements de mots.

  • Pour développer un rythme à l’oral, il faut développer l’aisance des liaisons entre les mots. Le fait de ne pas maitriser où faire des liaisons ralenti la parole et rend souvent l’enchainement beaucoup plus difficile.
  • On peut développer le rythme lorsque les liaisons sont acquises entre les mots et les groupes de mots. On peut ainsi utiliser des rythmes frappés dans les mains en parlant (exemple de blanches, noires, croches / vite-vite , court, long)
  • La compréhension des pauses avec la virgule et les points est très importante. La virgule permet un regroupement des idées, mais aussi de respirer tout comme le point.

L’intonation :

Les sons que l’on donne aux syllabes et aux mots selon leur position dans une phrase.

  • On doit absolument rectifier l’oreille musicale d’un apprenant.

L’association hauteur des sons avec hauteur de la main.

** quand la main est en haut, le son est plus aigüe et quand la main est en bas, le son est plus grave**

Du moment que l’élève maitrise aigüe/grave, on peut déjà lui faire baisser la voix sur les fins de phrase en faisant un geste de la main vers le bas sur le dernier mot ou la dernière syllabe avant un point. Vous devenez un chef d’orchestre de la phrase.

2. Il faut aussi travailler les intonations interrogatives et exclamatives.

     ** attention aux questions qui sont posées seulement sur la base du ton de voix, je le déconseille fortement tant que l’apprenant n’a pas une maitrise parfaite de l’intonation. La question peut facilement être entendue comme une phrase déclarative sans la bonne intonation. Je suggère fortement de travailler strictement les formules interrogatives avec l’intonation de l’interrogation afin que les autres comprennent bien que la personne pose une question**

La fluence verbale:

  • C’est pouvoir s’exprimer sans chercher ses mots, aller chercher rapidement l’information sans traduire.

Tant qu’un individu ne maitrise pas la fluence verbale, il est incapable de donner ses opinions et de faire valoir ses positions.

Ce sont les fonctions exécutives d’un individu qui permettent la fluence verbale

 

Les fonctions exécutives

 

1) La mémoire de travail:

C’est la capacité d’un individu de retenir de l’information à court terme afin de pouvoir accomplir un travail.

La mémoire de travail est  beaucoup plus importante à l’oral qu’à l’écrit parce que:  

  • lorsqu’on écrit on a toujours la possibilité de faire des retours en arrière. D’ailleurs, l’œil fait constamment des retours en arrière. 

Nommer des activités que l’on peut faire pendant nos formations pour développer la mémoire de travail?

  • Traduire les verbes;
  • Écrire des dictées
  • Répéter des séquences de mots entendus (on le travail déjà un peut avec le site en répétant les mots après les avoir entendus) mais on peut dire des phrases et demander de répéter la phrase (cela nous permet en même temps de 
  • Apprendre des poèmes, des chansons (on peut demander d’apprendre une chanson de Noël, on peut donner une chanson en français (Céline Dion, Marie-Mai, Lara Fabian, Johanne Blouin, Félix Leclerc, etc. ) tout en introduisant des groupes aussi (Clolocs, les frères à cheval );
  • Faire des associations (masculin / féminin, mâle / femelle, objet/verbe qui sert pour l’objet, partie du corps / verbe, météo / verbe (la pluie = il pleut) 

Quel est le lien entre la mémoire de travail et la fluence?

Pour être capable d’aller rechercher un champ lexical rapidement, ces derniers doivent être bien ancrés dans la mémoire de travail et être éventuellement transférés dans la mémoire à long terme. 

Exemples: 

  1. L’expression oral du TCF demande une grande mémoire de travail. Le candidat doit se rappeler tout au long de son exposé ce qui a été demandé, accéder à son champ lexical pour développer ses propos, se rappeler ce qu’il a dit pour ne pas se répéter dans ce qu’il va dire et dans la tâche 3, surtout, ne pas prendre une position au départ et terminer sur une position opposée.
  2. Un chef d’équipe doit mener une réunion d’équipe. 

L’impacte de la recherche de ses mots sur la communication?

  1. Sur celui qui reçoit le message:
  • Le message qui est envoyé est difficile à comprendre et à analyser pour celui qui l’écoute parce que tout est trop lent. 

On a besoin d’une certaine vitesse de croisière pour que le cerveau puisse analyser un message clairement. 

  • L’attention de celui qui écoute se perd parce que c’est trop lent. 
  • La confiance de celui qui écoute envers celui qui parle peut être ébranlée en se disant que ce dernier ne connait pas son sujet ou ne sait pas de quoi il parle. 

2) L’inhibition:

  • C’est la capacité d’un individu à faire abstraction de ce qui n’est pas nécessaire pour effectuer une tâche. Il contrôle intentionnellement sa pensée, ses impulsions et ses comportements.

L’individu doit se centrer sur la tâche, la situation de communication. On ne se met pas à donner son opinion si on nous demande une explication. 

Discriminer les consignes qu’on entend (exemple du jeu Jean dit)

  • Demander aux élèves de conjuguer un verbe dans un temps et dans une forme, ils utilisent l’inhibition pour exécuter la tâche.
  • Répondre à la question qui est posée (comprendre les marqueurs interrogatifs).
  • Adapter la communication à la situation (se présenter, donner son opinion, décrire, expliquer).

3) La flexibilité cognitive:

C’est la capacité d’un individu à s’ajuster, à s’adapter à une tâche ainsi  qu’à des changements qui surviennent.

Il est capable d’alterner d’une tâche à une autre. Il peut trouver de nouvelles stratégies pour faire face à une situation problématique. 

La flexibilité cognitive fait appel à la métacognition (savoir-faire)

Apprendre à apprendre

Exemples :

  • Développer des méthodes d’autocorrection d’un texte à partir de ses faiblesses
  • Ajuster sa structure de communication selon la question posée :

     Pourquoi… parce que  = texte explicative (suite de causes / conséquences / raisons)

                                                                                        

     Comment … = texte descriptif à volet explicatif (donner des manières, des étapes)

                                                                                                 

      À ton avis … = je pense que + suite argumentaire basée sur des faits

                               ** la réponse qu’on donne dépend de la question posée**

  • Utiliser des organisateurs textuels pour organiser leurs idées (premièrement, deux… tout d’abord, ensuite…)
  • Choisir entre une questions interrogative totale ou partielle selon l’information recherchée.

Comment développer les fonctions exécutives dans notre travaille de francisation?

  • Demander aux élèves de décrire ce que font les gens de différents métiers.

Exemple : Que fait un cuisinier? Que fait un menuisier? Que fait un plombier?

 

  • Pour chacun de ces métiers, l’apprenant doit aller rechercher un champ lexical lié au domaine proposé (verbes, noms, adjectifs) ainsi que discriminer les actions de chacun. Un menuisier ne coupe pas de légumes par exemple.
  • Demander aux élèves de raconter leur fin de semaine, leurs vacances, leur semaine.

En racontant leur fin de semaine, ils doivent faire des choix de temps de verbes, accéder à un champ lexical et garder en tête ce qu’ils ont déjà dit pour ne pas se répéter.

  • Demander aux élèves de raconter une histoire.

En groupe: 

Chacun peut dire une ou deux phrases et devra être compléter par le suivant. L’histoire se construit donc en équipe en ajoutant toujours de l’information par rapport à ce que l’autre a dit avant.

En un à un:

L’apprenant construit l’histoire avec l’enseignant sur le même principe qu’en équipe.

À partir de l’histoire racontée, on peut demander aux apprenants d’écrire un dialogue entre les personnages.

  • Fait appel à la mémoire, à l’organisation du texte selon le style, au choix de lexique à choisir selon celui à qui est raconté l’histoire, à la cohérence textuelle, à la concordance des temps.
  • Demander aux élèves de lire un paragraphe, un texte ou un livre et de vous en faire un résumé.

Cette technique est excellent pour que l’enseignant puisse vérifier le niveau de compréhension d’un apprenant.